Cruel. C'était peut-être cruel, mais c'était mérité. C'était sûrement cruel mais c'était indéniablement mérité, dans l'esprit de Jie Lun. Cela faisait des années qu'il ne s'était pas abaissé à de telles choses mais pour Zhavia, il était prêt à faire bien des choses. Lui qui s'était amusé à la pourchasser et la harceler quelques années plus tôt... Il avait tristement appris que la jeune demoiselle n'était pas capable d'apprendre de ses erreurs et qu'elle s'engageait sur un chemin tortueux qui n'était autre que celui du harcèlement.
Quand il repensait à ses années de collège à ses côtés, où il avait fait en sorte de lui en mettre plein la figure dans toutes les situations possibles et imaginables, il n'avait presque pas de regret parce que la jeune demoiselle était encore là et qu'elle ne semblait pas trop lui en tenir rigueur, au final. Mais ce que Jie Lun avait appris... L'intimidation qu'elle faisait subir à un jeune garçon, physique comme mentale, ce n'était pas un comportement qu'il voulait voir chez Zhavia. Elle méritait mieux que ce genre de bassesses, et ce garçon méritait sûrement mieux aussi que des crasses et du harcèlement.
Son plan avait été simple. Il avait réussi à entrer dans l'académie, sous prétexte de travailler sur une masterclass avec un professeur de danse, avant de glisser une petite note faite main dans le casier de la jeune fille, prenant soin de dissimuler son écriture un minimum.
"Zhavia,
Je sais qu'on ne se connaît pas depuis très longtemps, mais je crois que je ressens quelque chose de fort pour toi. J'aimerais que tu viennes en discuter avec moi dans le gymnase, devant le vestiaire des garçons, ce soir à seize heures. Je t'attendrai, en espérant que ces sentiments puissants sont réciproques.
A tout à l'heure."
Comme si c'était un autre jeune homme qui lui avait écrit, un jeune garçon qu'elle appréciait regarder dernièrement... Tout en sachant qu'il s'agissait en fait du meilleur ami de Jie Lun. Il n'en savait rien, le pauvre, tout comme Zhavia, il allait faire partie de cette supercherie sans même être là. Alors, à seize heures, il s'était enfermé dans le vestiaire des garçons avec une brochette d'élèves, attendant l'arrivée de Zhavia devant la porte fermée à clé.